Le travail des enfants en Angleterre et au pays de Galles (1870-1914)
Abstract
Cette communication apporte un éclairage sur le travail des enfants en Grande-Bretagne au moment où celui-ci, bien qu’il touche à sa fin, est loin d’être devenu un phénomène marginal. L’abolition du travail des enfants outre-Manche fut le fruit d’une longue marche : entamée en 1788 avec, pour premier pas, l’interdiction de l’emploi d’enfants ramoneurs de moins de huit ans, celle-ci ne s’acheva que 130 ans plus tard, en 1918. Il fallut en effet attendre la fin de la Première Guerre mondiale pour que furent levées les dernières dérogations autorisant les écoliers des classes populaires à quitter l’école deux ans avant d’avoir atteint les quatorze ans réglementaires. De fait, tout au long du dix-neuvième siècle, l’action des réformateurs sociaux se heurta à de vives résistances, alimentées par une offre et une demande de main-d’œuvre enfantine soutenues.
Si le sevrage de l’économie britannique au travail des enfants s’avéra difficile, il semble toutefois que ce processus connut une nette accélération entre 1870 et 1914. Entre ces deux dates, le pourcentage d’enfants (âgés de dix à treize ans inclus) déclarés actifs dans les recensements de l’Angleterre et du pays de Galles fut divisé par quatre, passant de près de 20% à 5%. Or cette période fut aussi celle de l’introduction, puis de l’extension progressive, de l’obligation de scolarité élémentaire. Dès lors, on peut se demander dans quelle mesure le retrait des enfants du marché du travail est allé de pair avec la démocratisation de l’accès à l’école. Autrement dit, peut-on mettre l’élimination du travail des enfants en Grande-Bretagne au crédit de l’État ?