La dignité et le statut. La double exigence d’égalité et de différence dans les politiques de la reconnaissance, de Charles Taylor à Michael Walzer
Abstract
Deux des principaux représentants de la critiques des théories libérales contemporaines ont explicitement mobilisé la catégorie de reconnaissance afin de montrer le fondement moral de ses usages dans le cadre d’une politique démocratique. Il s’agit de l'états-unien Michael Walzer, d’abord, au chapitre 11 de ses Sphères de justice (1983) ; et du canadien Charles Taylor, ensuite, dans « La politique de reconnaissance » (1992). Par une lecture croisée de ces deux textes, cette présentation situera les trois moments qui justifient selon eux l’existence historique d’une “politique de la reconnaissance” : en commençant par celui d’une politique universaliste reconnaissant l’égale dignité des individus ; montrant ensuite que cette première affirmation démocratique de la reconnaissance mène à une rupture avec les ordres sociaux hiérarchiques et avec la logique de l’honneur qui assuraient un niveau minimal de reconnaissance pour chacun ; pour justifier enfin de la dimension nécessairement négative des politiques de la reconnaissance, comme moyen de combler les déficits singuliers subis par certains groupes en leur octroyant un statut différencié au nom de l’application de l’exigence universelle de dignité en contexte pluraliste.