Construction des lieux et rapports à la nature
Abstract
Alors que les collectivités territoriales du Sud Manche achèvent leur réflexion concernant le projet de reconversion de la vallée de la Sélune après l'arasement à venir des barrages hydroélectriques de Vezins et de la Roche-qui-Boit, cet article propose d'analyser les usages et représentations associés aux nombreux cabanons aménagés au bord de ces deux retenues d'eau. Développées dans les années 1960 en lien avec l'essor de la pêche de loisir, ces constructions constituent des lieux de villégiature populaire autour desquels s'est construit un certain rapport à la nature. Un inventaire exhaustif et la caractérisation de ces installations ont permis de construire une typologie révélant des points communs (auto-construction, liberté architecturale) derrière une hétérogénéité apparente et une diversité de statuts fonciers. Les cabanes apparaissent comme le lieu de pratiques contemplatives de la nature car elles offrent un refuge isolé mais elles constituent aussi l'espace d'une riche sociabilité liée à la pêche. Peu prises en compte par les pouvoirs publics qui les considèrent comme des points noirs paysagers, ces cabanes sont l'objet d'un fort attachement. L'analyse de leur histoire, des usages et représentations qui leur sont associées apportent des éléments utiles à la compréhension des enjeux actuels.