Se fondant sur la théorie éliadienne de l’opposition entre espace sacré et espace profane, Cosmos et Chaos, l’auteur démontre, dans un premier temps, que la ville dans The Lord of the Rings participe de la sacralisation de l’espace et, de ce fait, contribue à définir le récit comme mythe. Mais cette opposition semble contredite en deux points. D’une part, par le fait que Tolkien en vient à représenter l’espace infernal par excellence sous les traits de la ville moderne, mécanisée, polluée et isolée de son environnement naturel ; d’autre part, par les parentés totémiques que Tolkien établit entre les races de Middle-earth et certains éléments naturels. Si bien qu’à la vision sacralisante du monde décrite ci-dessus se superpose une vision sanctifiante où le Cosmos tout entier, espaces naturels inclus, se trouve représenté à échelle microcosmique dans la ville. Le récit mythique se fait, dès lors, Histoire Sainte. Parallèlement à cette représentation microcosmique du monde, l’auteur de l’article, exemples à l’appui, montre que l’organisation verticale de la ville ressemble fort à une représentation macrocosmique de la psyché où s’effectue la réconciliation entre l’individu et le monde, le dedans et le dehors. En effet, les espaces ouraniens, dont il est question dans la première partie, apparaissent à échelle collective comme une représentation du surmoi, les espaces médians jouant le rôle du moi et les espaces inférieurs celui du ça, siège des pulsions refoulées. La résolution de la crise sacrificielle aboutit ainsi à un rééquilibrage de ces “suprapersonnalités” elles-mêmes en crise.